Première journée à Ste-Justine

Mercredi 11 juillet 2012: La nuit à l’hôpital a été longue et malgré que je n’ai pas de bébé à m’occuper, je suis toujours réveillée, sans doute parce que j’entends les autres bébés pleurer. Bref, j’espère sortir aujourd’hui pour aller voir ma petite fille à Ste-Justine. Mes souhaits sont exaucés, on m’accorde mon congé à midi au lieu de demain matin. Chéri vient me chercher, on fait un petit saut à la maison pour avaler une bouchée et prendre une bonne douche avant de se rendre à Ste-Justine.

Bébé est aux soins intensifs de l’unité de néonatalogie (4e étage, bloc 4, chambre 28, lit 4653). A notre arrivée, on nous explique les protocoles d’hygiène à suivre, soit enlever tous les bijoux, montres et bracelets, lavage des mains jusqu’aux coudes, mettre une blouse d’hôpital et mettre nos appareils photos, sac à main dans un sac stérile. Bref, tout ceci est nécessaire afin d’assurer un environnement propre, sans microbes pour les touts-petits à la santé fragile. Les gens sont très gentils, souriant et la préposée à l’accueil nous conduit jusqu’à l’incubateur de bébé et nous présente à l’infirmière de garde qui s’occupe de notre fille.

Dans chaque chambre, il y a deux bébés sous la bonne garde d’une infirmière. Celle-ci n’est jamais seule puisque la chambre communique avec la pièce voisine, ainsi elles sont deux à surveiller les constantes des quatre bébés et peuvent s’entraider lorsque nécessaire. En cas de besoin, il y a toujours des infirmières volantes qui peuvent venir aider pour donner des soins. Souvent, ce sont des soins de contrôle, tel que prendre la pression ou la température, changer bébé de position, etc, mais il peut arriver que ce soit des interventions plus médicales.

Ainsi, à notre arrivée, l’infirmière a pris le temps de se présenter et de nous expliquer tout ce qui entourait les soins de bébé, tous les fils branchés à elle, leur utilité et évidemment un résumé de son état de santé. Bébé est très bien et outre tous les fils rattachés à elle qui ne sont là que pour surveiller ses constantes tel que fréquence cardiaque, fréquence pulmonaire et saturation, elle a un masque qui pousse de l’air pour l’aider à gonfler ses poumons (appelé CPAP). Elle est gavée avec du lait à toutes les 3h pendant une heure. Pour l’instant, ils lui donnent du lait enrichi, mais lui donneront mon lait maternel dès que je pourrai en retirer quelques gouttes.

La plupart des bébés nés avant 35 semaines et qui sont en bonne santé ont en général du mal à respirer et ont besoin d’aide pour se nourrir. Les problèmes respiratoires sont le résultat de poumons qui ne sont pas encore suffisamment développés et élastiques pour respirer sans assistance, ce qui est le cas de notre petite fille. En fait, à ce stade de la grossesse, le bébé n’a pas produit assez de surfactant, substance qui enrobe les alvéoles en cours de développement, leur permettant de rester ouvertes et disponibles pour l’échange d’oxygène à la naissance. Si jamais la quantité de surfactant est faible, les poumons  ont une plastique rigide et sont sujets à l’affaissement alvéolaire, ce qui rend chaque inspiration d’un prématuré plus difficile. C’est pourquoi bébé a un ventilateur mécanique (masque minuscule sur son nez) pour faire circuler l’air dans ses poumons immatures (CPAP).

Ca nous fait beaucoup de bien de voir et toucher notre petite fille. J’ai même pu la prendre en peau à peau pendant presque deux heures. D’ailleurs, les bienfaits sont importants autant pour le parent que pour bébé. De cette façon, on transmet notre chaleur, elle reconnait ses parents et souvent ça calme le bébé. Ce moment magique a été très apprécié et dès les premières minutes, on a vu les constantes se stabiliser à un niveau très acceptable. Je pouvais sentir ses petits doigts sur ma peau et elle les bougeait comme pour me flatter. Je pouvais la serrer tout contre moi, sentir sa respiration, son coeur battre et son souffle sur ma peau. WOW quel moment magique à refaire à tous les jours!

Durant cette même journée, papa a aidé l’infirmière à donner les soins à bébé tel que changer sa position, refaire le lit, nettoyer sa bouche et de changer la couche. Vraiment, le personnel nous aide à prendre contact avec notre bébé dès qu’il est possible. Elles répondent à toutes nos questions d’une façon claire et précise sans passer par quatre chemins. Ainsi, on peut mieux comprendre toutes les machines et leur utilité. D’ailleurs, il est important d’être informé puisque les machines sonnent à tout bout de champs pour indiquer lorsqu’une constante sort de la fourchette tolérée. En aucun moment, sauf si c’est critique ou urgent, l’infirmière ne court vers l’incubateur. Elles sont calmes et réagissent professionnellement. On apprend que même si une machine sonne, tant que bébé reprend par elle-même, il n’y a pas lieu de faire d’intervention autre que d’éteindre la cloche. Ceci limite les interventions qui stressent les bébés et favorise la récupération de bébé qui apprend en même temps. Nous ne sommes pas infirmières, alors on la laisse faire son travail, mais on ne peut s’empêcher de suivre les chiffres indiqués par les machines. Toutefois, en sachant les interpréter, on peut nous aussi apprendre tranquillement à ne plus se préoccuper des sonnettes et se concentrer à passer du temps avec bébé.

Cette première visite à l’hôpital nous a permis de prendre véritablement contact avec bébé et nous reviendrons à tous les jours évidemment pour y passer quelques heures en sa compagnie. Nous croyons fortement que notre présence auprès d’elle contribue à son développement et la rassure. Nous savons toutefois que ça ne la fera pas sortir plus tôt puisqu’il est prévu que les bébés prématurés demeurent à l’hôpital jusqu’à leur date prévue de naissance, c’est-à-dire le 25 août. Ce temps est nécessaire pour qu’elle prenne du poids, se nourrisse au sein (ou biberon) et respire sans difficulté. Un jour à la fois et nous pourrons bientôt l’accueillir à la maison.

maman Brigitte et papa Marc-André
[lg_slideshow folder=”002″ display=”slide”]

Twitter Digg Delicious Stumbleupon Technorati Facebook Email